La Tour de Babel, Morris West (1968)

Titre original: The Tower of Babel - Traduction: France-Maris WATKINS.
(cette œuvre qui n'est plus éditée aujourd'hui, du moins en français) 
"In memoriam STANLEY L. BARTLETT. Mon premier éditeur et mon grand ami. Un homme de douceur, comme j'en ai peu rencontré" 1966

Adom Ronen, agent israélien à Damas, toujours traqué, toujours sur le qui-vive, secrètement persuadé qu'il finira pendu ; Idris Jarrah, terroriste arabe, qui a déjà fait le sacrifice de sa vie; Jakov Baratz, général israélien, conscient de la petitesse de sa patrie au milieu de l'immensité de l'Islara et préparant fiévreusement ce qui entrera dans l'histoire sous le nom de guerre des six jours; Hannah, sa femme, Juive autrichienne, que la folie ronge lentement et qui vit obsédée par les ténèbres de son passé de petite fille persécutée ; le colonel irakien Safreddin ; le gros marchand phénicien Chakry qui joue son immense fortune sur la guerre ou la paix : ce ne sont que quelques-uns des personnages qui animent cette fresque grouillante du Moyen-Orient avant le drame. Le Moyen-Orient, une fournaise éblouissante, un ciel aveuglant, des montagnes taillées comme de monstrueuses statues, le désert où l'air dansant porte en suspension des minarets et des oasis qui s'évanouissent en un instant.
Jamais encore un roman d'amour n'avait été dans l'œuvre de Morris West plus étroitement mêlé aux soubresauts de l'histoire et aux sortilèges d'une terre sacrée et gorgée de sang.
Source : Le Livre de Poche, LGF

Une découverte surprenante
Un roman magistral qui mêle, avec talent, intrigues politiques et religieuses.
Si l'on ne se décourage pas dans les premiers chapitres, cette œuvre permet de découvrir un auteur à la plume riche, ouverte sur le monde, et soigneuse dans la description des lieux, des paysages et des personnages qui y gravitent.
A lire absolument, pour se rendre compte des tensions existantes dans les années 60 entre les Pays Arabes et l’État d'Israël. Tensions toujours d'actualité...

Quelques extraits intéressants:

p.31: "... La première leçon qu'il apprit, ce fut que la rapidité des communications était la clé du profit..." "... Aussi, dans son petit bureau sordide, Nuri Chakry rêvait-il de navires et d'avions, de télégraphes et de télex... et de toute une toile d'araignée de communication grâce auxquelles il pourrait discuter et marchander tous les jours sur tous les marchés du globe..."
Morris West avait déjà compris, il y a 40 ans, que le développement des communications nous amènerait inexorablement vers la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui... Le profit, le profit, encore le profit, et toujours le profit au détriment de l'ascension de l'Humanité...
Comment inverser la tendance? Dieu seul le sait, alors espérons qu'il existe, sinon nous sommes livrés à nous même... et ce serait plutôt de mauvais augure...

p.32: "... Il savait que plus ses lignes de communications étaient étendues, moins sûres elles devenaient..."
J'ai lu récemment un article dans Sciences et Vie sur le développement des réseaux au niveau mondiale et les conséquences sur la fragilité de la civilisation moderne. Assez alarmant ...

p.38: "... L'unité arabe ne pouvait s'exprimer que par la négative: la destruction des juifs..."
C'est toujours pareil. On peut toujours s'entendre face à un ennemi commun.
Dans l'Antiquité, Octave et Marc-Antoine se sont bien alliés contre les Républicains Brutus et Cassius (assassins présumés de Jules César). Après leur victoire, ils se sont livrés à une bataille silencieuse (enfin au début) qui verra la chute de Marc-Antoine et la victoire d'Octave, premier empereur de Rome, sous le nom d'Auguste.

p.99: "... Seuls, le temps et l'éducation pourraient guérir de l'ignorance..."

p.108: "...Comme c'était facile de faire des calculs politiques...comme si l'on pouvait résoudre toute l'équation humaine avec un rapporteur et une règle de calcul..." "...Les conséquences d'un seul acte de violence n'avaient pas de limites. Un homme tué signifiait que des milliers d'êtres ne verraient pas le jour. Un homme privé de son foyer risquait un jour de détruire des villes entières, pour se venger follement de la race humaine..."
L'effet papillon peut frapper avec la force d'un boomerang!

p.168: "... On vénérait la mémoire de 6 millions de juifs dans la sombre crypte de Yad Vashem, mais trois cents milles arabes vivants campaient dans des bidonvilles de la bande de Gaza et ils ne renonceraient pas à leurs prétentions à trouver une place au soleil sur la terre de leur patrie..."
L'homme pourrait apprendre de ces erreurs... mais je ne suis pas sur qu'il soit programmé pour cela, du moins pas à une échelle collective.

p.169: "... parce qu’il semblait que l'homme né d'un acte d'amour ne pût survivre qu'en exerçant la terreur..."

p.189: "... Il devait leur apprendre que le risque vaut largement le gain et qu'il était toujours nécessaire que quelques-uns mourussent pour l'ultime grandeur de la multitude..."

p.194: "... On était conçu sans consentement, jeté tout gémissant dans un univers étranger, la condamnation à mort écrite dans la paume des mains impuissantes, un cancer vous rongera les entrailles, un fou, armé d'une hache, vous coupera la tête, un tigre , échappé d'un cirque ambulant, vous dévorera, un ivrogne imbécile vous écrasera avec sa voiture, vous vivrez, souriant et loquace, jusqu'à ce qu'un crétin zélé lâche une bombe à hydrogène dans votre jardin..."

P.344: "... C'est un monde de fous, une tour de Babel où nous hurlons tous des insanités et où nous mourrons en délirant dans un désert de singes..."

p.356: "... Si l'on changeait la géographie, on changeait à la fois les hommes et le cours de l'histoire. On changeait leurs cultes et leurs légendes, leurs points de vue et même leurs dieux..."

Ouvrage de référence: La tour de Babel, Morris West, Edition Plon, N° Edition: 9468, N° Impression: 1 er trimestre 1968, Imprimé en France

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